La leçon des jardins du Temple

Je me suis levée cette nuit-là, la maison d’hôtes était assoupie. Quand, par la fenêtre de ma chambre, je découvris la maison sacrée du Seigneur, toute de lumière vêtue.

Je fus poussée à prendre, à pas de loup, l’escalier central dans la fraîcheur de la nuit. Tout paraissait tellement paisible. Le paradis ne me semblait pas si loin… ! Je parcourus alors, lentement, les allées dans un silence respectueux, frôlant de mes pas le sol rafraîchissant, embrassant du regard escalier, bordure ou lampadaire. Je flânais ainsi m’imprégnant de ces accents impressionnistes et magiques que dispensaient les tons rompus, les touches colorées, des bordures et des buissons qui, tels un voile paisible et rassurant dansaient dans la brise légère du printemps.

Soudain, alors que j’abordais une aire plus sombre, cherchant à comprendre ce contraste inattendu, je découvris deux réverbères muets et aveugles qui ne dispensaient plus leurs rayons lumineux. Mes pas devenaient moins sûrs et mes pupilles en alerte.

Ces deux sources associées, pourtant là pour guider le promeneur égaré, ne remplissaient plus leur fonction et semblaient si désolées malgré leur grande beauté. Sans elles, cette allée me parut peu engageante et même tourmentée. L’envie me prit de fuir, recherchant les zones plus éclairées.

Ainsi, partout où nous oublions de faire briller notre lumière, nous nous soustrayons à notre mission divine qui est celle d’éclairer le monde et d’assurer le pas de nos amis perdus dans ce labyrinthe terrestre, menant ainsi chaque enfant de Dieu vers sa destination céleste…

Je regagnais bientôt ma chambre, serrant doucement sur mon cœur cette leçon éternelle que les jardins du Temple venaient de faire naître en mon esprit pour mon plus grand bonheur.