Le Liahona
Garder les yeux et le cœur ouverts lorsque nous perdons le contrôle dans notre vie
Janvier 2024


Il est le chemin

Garder les yeux et le cœur ouverts lorsque nous perdons le contrôle dans notre vie

Depuis 24 ans, je randonne à travers la France et l’Europe chaque année.

Je crois très sincèrement que Dieu est présent dans chaque moment de notre vie et qu’il ne laisse rien au hasard en ce qui nous concerne.

Si nous restons à l’écoute, il influence notre vie, nos choix, nos actions de différentes façons : par une pensée, par la parole d’un tiers, par une écriture ou par les évènements qui nous entourent, même ceux pour lesquelles nous en perdons le contrôle.

Début juillet de cette année1, je suis partie dans le Sud sur le chemin de Stevenson.

Si randonner seul permet de se retrouver et de méditer, ça apporte aussi la solitude qui, pour ma part, devient assez vite pesante.

J’avais enfilé les kilomètres sur les 4 premiers jours au-delà de ce que je n’avais jamais fait auparavant. J’étais réglé comme une horloge suisse : levé chaque matin à 6 heures, départ à 7 heures.

Le 5e jour était une journée plus chargée et il faisait extrêmement chaud. Dans le courant de l’après-midi, j’ai senti mes forces qui faillirent et compris que je n’atteindrais pas le village que je visais ce soir-là.

Par chance, d’après ma carte, je passais par un petit hameau et j’espérais y trouver refuge pour la nuit. Mais en suivant les indications du sentier, je dépassais de loin ce point sans l’avoir traversé.

Le prochain village était à 10 km environ et il me fallait tenir jusque-là ; mais la même chose se produisit. Pour une raison que j’ignore, mon chemin ne croisa pas le village.

Je décidais d’installer mon bivouac à la première source d’eau qui était à 2 km de là. Je me couchais éreinté au son des « Hoyé ! Hoyé ! », provenant des éleveurs rassemblant leur troupeau de vaches.

Le lendemain matin, je n’ai pas compris pourquoi, mais mon réveil ne sonna pas. Je fus réveillé de nouveau par des « Hoyé ! Hoyé ! »

Lorsque je sortis la tête de ma tante, je vis un jeune randonneur aux jambes interminables qui passait. Nous nous saluâmes et je regrettais de n’être pas prêt pour parcourir un bout de chemin avec lui.

Je quittai mon campement une heure plus tard et repris mon parcours. Quelle ne fut pas ma surprise de retrouver au bout de 15 minutes ce jeune randonneur en train de prendre des photos !

J’entamais la conversation avec quelques courtoisies, suivies de quelques banalités, et, sans m’en rendre compte, nous avions repris le chemin ensemble dans la même direction bavardant comme de vieux amis.

Nous restâmes ensemble jusqu’au lendemain matin.

Matéo devait prendre un car pour rentrer chez lui et moi je continuais mon parcours.

Après une ascension de 2 heures, je fis une pause.

En randonnée, j’ai une règle. Mon téléphone est toujours hors réseau en journée. Cependant, inquiet de ne pas avoir encore reçu mon salaire, je me connectais à ma banque et vis un message de Matéo me disant que son car n’était pas passé et qu’il continuait la randonnée en suivant mon parcours.

Je l’attendis donc et nous randonnâmes ensemble le reste de la journée.

Dans l’après-midi, Matéo me confia qu’il était en pleine recherche spirituelle et j’eus l’occasion de rendre mon témoignage.

Le soir en me couchant, je méditais sur la tournure qu’avait prise mon 5e jour de randonnée.

Je reste convaincu que le grand horloger a volontairement perturbé cette journée en en prenant le contrôle.

Sans la succession de ces désagréments, je n’aurais jamais rencontré Matéo et pu vivre deux belles journées riches d’échange et d’amitié.

De son côté, Matéo n’aurait pas eu l’occasion de recevoir un Livre de Mormon.

Ma prière est que nous puissions développer le réflexe d’ouvrir grand nos yeux spirituels lorsque nous perdons le contrôle dans notre vie, et de voir si celui qui est aux commandes à ce moment-là n’est pas tout simplement le Christ nous conduisant sur une meilleure voie.

Référence

  1. Juillet 2023.