Le Liahona
Les chemises blanches et les pantalons noirs m’ont menées à la cordonnerie !
Mars 2024


Voix des Membres

Les chemises blanches et les pantalons noirs m’ont menées à la cordonnerie !

Je suis né le 11 novembre 1996 dans une banlieue nommée Susankyi, dans une ville appelée Bomso à Kumasi, dans la région Ashanti du Ghana. En grandissant, j’ai vécu avec mon père Emmanuel Kuatsikor, un membre baptiste dévoué et ma belle-mère, une pentecôtiste. J’ai passé une partie de ma vie religieuse dans l’Église pentecôtiste et dans d’autres églises charismatiques puisque ma belle-mère ne faisait que changer d’églises.

À l’âge tendre de 4 à 7 ans, la vie était simple et intéressante jusqu’à ce que mon père prenne sa retraite. La vie est devenue vraiment dure et c’est à ce moment-là que j’ai découvert la pauvreté. J’étais dans une école privée et en raison de problèmes financiers, j’ai dû arrêter pour poursuivre mes études dans une école publique ; les faces de la vie se dévoilaient à ma famille. Néanmoins, mon père a continué à rédiger des demandes d’emploi auprès de différentes institutions, mais en vain ; nous vivions d’espoir. Il s’est ensuite tourné vers l’agriculture grâce à un terrain fertile que l’Université lui avait prêté.

En 2009, à l’âge de 13 ans, en rentrant de l’école, j’ai vu mon père avec deux hommes blancs et un homme noir bien habillés, vertus de chemises blanches et de pantalons noirs en train de discuter. J’ai vraiment eu des frissons à ce moment-là parce que je savais que nos prières avaient été exaucées. Je me suis dit « Wow ! Papa a finalement trouvé un travail et les employeurs sont venus chez nous pour discuter avec lui, c’est génial ! » Je me disais que leurs discussions portaient surement sur un emploi, alors j’ai rapidement déposé mon sac d’école dans la chambre et j’ai pris une chaise pour les rejoindre sans invitation. J’avais hâte d’entendre la bonne nouvelle. J’ai réalisé aussitôt que la conversation portait sur le rétablissement de l’Évangile de Jésus-Christ et l’histoire de Joseph Smith, le prophète, à l’âge de quatorze ans. Ce n’était pas ce à quoi je m’attendais, néanmoins, le rétablissement et l’expérience de Joseph Smith étaient impressionnantes! Cela m’a apporté beaucoup de joie. Les missionnaires ont continué leur visite chez nous jusqu’à ce que mon père visite l’Église de Jésus Christ des Saints des Derniers Jours pour la première fois.

Lors de sa deuxième visite à l’église, mon père m’avait invité à le joindre. J’aimais vraiment passer du temps avec mon père parce qu’il adorait me raconter des histoires chaque fois qu’on marchait ensemble. J’ai suspendu mon service dominical avec l’église pentecôtiste pour être avec mon père. Je me souviens très bien du cantique chanté lors de la réunion de Sainte-Cène ce jour-là: « Je sais qu’il vit mon Rédempteur ». La révérence observée par chaque membre, même par les petits enfants, en a fait une expérience très unique. Les mots ne peuvent expliquer ma première visite à l’église. Les enseignements que nous avons reçu ce jour-là et ceux des missionnaires m’ont fait sentir que je n’étais pas perdu mais que j’étais au bon endroit. Quelques semaines après cette première rencontre avec les missionnaires, mon père s’est fait baptiser, et moi un mois plus tard.

Je remercie l’Église de m’avoir aidé à devenir un meilleur lecteur et étudiant. Lorsque les missionnaires m’enseignaient des choses, nous en discutions, mais la semaine suivante, je ne me souvenais plus de ce dont nous avions parlé. La lecture était difficile mais ils m’ont donné un exemplaire du Livre de Mormon et m’ont enseigné le plan du salut. Je demandais l’aide de mes amis pour m’aider à mieux comprendre le Plan du salut, et les missionnaires aimaient bien cela. Ma lecture et mon expression se sont améliorées grâce à l’étude des Écritures, ce qui marquait le début de mon parcours en tant qu’étudiant moyen.

Même si j’avais l’Évangile dans ma vie, la vie était difficile. Mon père ne travaillait toujours pas et souffrait de la maladie de Parkinson. Alors, pendant les vacances, je cherchais n’importe quel travail subalterne. Mon père, au beau milieu des défis de la vie, a quitté l’Église mais ne m’a pas empêché de continuer. Après l’école secondaire, notre pieu a ouvert le Lieu de Rassemblement des Jeunes Adultes Seuls (JAS). Je me suis inscrit à un cours de cordonnerie, mais j’étais le seul, donc le président de pieu s’est arrangé pour que j’apprenne le métier avec l’instructeur dans son magasin. Je suis un passionné de la mode, en particulier des chaussures, car tout le monde a besoin de chaussures, et les chaussures bien faites ne se démodent pas. Je travaillais de longues heures pour un salaire très maigre. Me rendre à l’église était devenu difficile car je devais souvent travailler les dimanches. J’étais en apprentissage pendant plus de 2 ans, puis j’ai pu me lancer seul en économisant de petites sommes jusqu’à ce que je sois en mesure d’acheter un outil. Il me fallait 2 à 3 mois d’économies pour acheter un autre outil à main, mais j’avais un objectif. J’avais des exemples de ce que je vivais dans les Écritures, je savais que cela en vaudrait la peine. Dormir à même le sol, manger 1 repas par jour, travailler littéralement jour et nuit porteront leur fruit à l’avenir.

Mon président de pieu m’a mis en contact avec un couple qui a pu m’aider à me procurer des machines pour démarrer mon entreprise, Kuatsikor Shoes. J’ai utilisé le nom de mon père, pour lui rendre hommage puisqu’il n’a pas vécu assez longtemps pour voir mon entreprise, il est décédé en juillet 2019. Ma devise est « Marcher des kilomètres ». En août 2023, j’ai reçu ma dotation dans la Maison du Seigneur au temple d’Accra, au Ghana. C’était une expérience vraiment formidable. Au moment où je suis entré dans le temple, j’ai senti qu’un lourd fardeau avait été soulagé, c’est difficile à expliquer. J’ai ressenti une nouvelle paix et une nouvelle joie. L’Évangile de Jésus-Christ a eu un impact significatif sur ma vie, car j’avais eu le sentiment d’être au bon endroit, mon premier dimanche à l’église. Je serai toujours reconnaissant pour les cours d’autonomie organisés au Centre de pieu qui m’ont donné des idées et des connaissances sur la manière de développer ma propre entreprise et gérer mes finances. Je sais que si je continue à m’en tenir à ces principes, ma vision de devenir le meilleur cordonnier en Afrique se réalisera. Je sais que Dieu parle à ses serviteurs, les prophètes.